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Vivre sans téléphone mobile, c’est possible

portable

Chère lectrice, cher lecteur

Suite à ma lettre sur les ondes électromagnétiques, de nombreux lecteurs m’ont écrit pour me dire qu’ils ne pouvaient pas vivre sans téléphone portable. Je comprends bien. Dans de nombreux cas, il n’est tout simplement pas possible de s’en passer, pour des questions de responsabilité familiale ou professionnelle.

Mais pour la petite histoire, je peux témoigner qu’une vie sans téléphone mobile est possible et même très agréable. J’ai perdu le mien dans un TGV fin juillet 2011, ainsi que je l’ai déjà raconté. Comme mes vacances commençaient, je n’ai pas voulu en racheter un tout de suite. Et j’ai redécouvert la liberté d’une vie sans téléphone mobile. Je n’en ai jamais repris.

C’était dur au début : je ne pouvais plus savoir à tout moment où étaient ma femme ou mes enfants. Je ne pouvais plus appeler en faisant les courses pour demander ce qui manquait à la maison, ni repousser un rendez-vous si je m’apercevais en chemin que je serais en retard, ni profiter de mes temps morts dans les transports pour appeler mes amis. En vélo ou en voiture, plus de possibilité de téléphoner en route pour qu’on me guide : il fallut réapprendre à étudier la carte à l’avance, noter les explications avant de partir et souvent tourner un peu avant de trouver mon chemin.

En plus de ces inconvénients, ma famille, mes collègues de travail et mes amis ont trouvé très énervant au début de ne plus pouvoir me joindre à tout moment. À chaque fois, c’était : « On en a marre de ne jamais pouvoir te joindre ! Quand vas-tu enfin racheter un portable ? »

Imperceptiblement toutefois, chacun s’est habitué à la nouvelle situation… Je me suis aperçu que j’avais plus de plaisir à retrouver mes proches quand je n’avais pas déjà tout raconté par téléphone avant d’arriver. J’ai redécouvert l’impression d’être seul sur de longues périodes. Sur le coup, cela me rendait parfois triste, j’avais envie de me distraire en téléphonant ou en consultant mes SMS (Snapchat et Whatsapp n’existaient pas) ; mais cela m’a permis de retrouver le calme, ce sentiment oublié de l’attente et, oserais-je dire, de l’ennui.

L’attente et l’ennui, des sentiments en voie de disparition

Peut-on imaginer que nos grands-parents, pendant la guerre, restaient des mois voire des années sans nouvelles de leurs proches, à attendre sans avoir la moindre idée de si et quand un événement allait se produire ?

Le facteur, qui arrivait à l’horizon sur sa bicyclette incertaine, avait-il dans sa sacoche une précieuse lettre envoyée par l’être aimé ? Cet être aimé était-il toujours en vie ? Au moment d’envoyer la lettre, oui. Mais au moment où elle arrivait, ne lui était-il pas arrivé malheur entre temps ?

Il fallait accepter de ne pas savoir, accepter d’attendre sans savoir. Passer des soirs, des nuits, des semaines dans cette attente fixe, à regarder la pluie tomber ou le soleil briller inutilement.

Mais parler de la guerre et des lenteurs de la poste autrefois, c’est oublier que la première administration des postes ne fut créée que sous Charles Quint (en 1520) [1] et le premier timbre postal en 1840 [2]. Avant cela, votre pays pouvait entrer en guerre, être envahi, vous n’en étiez souvent pas informé avant de voir les soldats ennemis enfoncer la porte de votre maison.

La vie n’était donc pas entrecoupée de nouvelles constantes arrivant des quatre coins du monde. Il n’y avait pas de « nouveautés ». Tout ce que vous voyiez arriver autour de vous n’était, sauf exception, que la répétition apparemment éternelle des saisons et du cycle de la vie que vos parents, vos grands-parents, et les grands-parents de vos grands-parents, avaient connue.

Tout cela était lent. Et l’on s’ennuyait beaucoup.

L’été, quand on menait les troupeaux au pâturage, on n’enchaînait pas le soir-même avec une sortie au cinéma ou un match de foot. On restait là. On dormait là. Pendant des jours, des semaines, des mois, il fallait recommencer le même travail, et trouver dans le spectacle de la nature les « nourritures spirituelles » capables de satisfaire notre besoin de penser, de sentir, d’aimer et d’espérer.

L’hiver, quand la nuit tombe à 5 heures, seuls les privilégiés avaient la chandelle ou des bûches pour continuer à coudre, à lire, à jouer à la lumière des flammes. Pour les autres, l’obscurité s’abattait sur l’atmosphère glacée et l’attente commençait, une attente longue et angoissée jusqu’à ce qu’enfin resurgisse la clarté de l’aube, quinze heures plus tard.

Que faisaient les enfants pendant ces longues soirées, non seulement sans télé et sans console, mais aussi sans livre et sans lumière ? Comment les parents soignaient-ils leurs nourrissons qui réclamaient qu’on les change ou qu’on les rassure au milieu de la nuit ? Quels contes, chants, jeux avaient-ils pour hâter l’écoulement du temps ? Ces choses pour la plupart se sont perdues dans la nuit de la mémoire des hommes.

Reste une certitude : l’ennui leur était familier. Selon un moraliste comme Voltaire, l’ennui était nocif. « Le travail éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin », disait-il. Sans doute Voltaire se serait-il réjoui que, grâce aux ondes électromagnétiques qui nous ont amené la radio, la télé, le téléphone puis le téléphone mobile, plus personne ne semble encore avoir le temps de s’ennuyer.

Pour ma part, je reste avec ce sentiment un peu mélancolique que l’ennui devait aussi favoriser de bons côtés de l’homme.

Tout ce temps passé à ne rien pouvoir faire n’aidait-il pas à observer et à réfléchir ? Ces longs moments de calme et de solitude ne donnèrent-ils pas aux hommes préhistoriques l’idée de fabriquer les premières statuettes en bois ou en glaise ? Aux hommes des cavernes l’idée de faire les premières peintures rupestres (sur des rochers) ? Aux bergers l’idée de se fabriquer la flûte de pan, et de composer les premières mélodies ? Aux hommes du XIXe siècle, pour qui l’ennui était le « mal du siècle » selon Chateaubriand, de composer tant de belles poésies, de belles musiques et de faire tant de grandes inventions ?

Mais l’ennui est évidemment une arme à double tranchant. Une étude psychologique récente a montré que plus on pense, plus on est malheureux ; réciproquement, plus on est actif, sollicité, débordé même, moins on a de temps pour penser et plus on est heureux. Parce qu’on se sent utile, on se sent vivre évidemment. Pour trouver le bon équilibre, il est important donc de se réserver à la fois des moments pour méditer ou avoir une activité spirituelle qui vous permette de vous arrêter, faire le calme en vous-même et penser aux autres ; mais aussi de prévoir ces activités de base dans l’existence qui permettent d’éviter le piège de la déprime. Par exemple :

  1. Se promener à l’extérieur au moins 7 minutes par jour. Je mets volontairement la barre bas, très bas même, bien en-dessous du niveau idéal (le ministère de la Santé voudrait que vous fassiez 10 000 pas par jour [3]) car c’est déjà beaucoup mieux que rien.
  2. De prendre le soleil pour optimiser son moral et son taux de vitamine D
  3. De consacrer plus de temps à acheter sa nourriture, la préparer et la manger, et, encore mieux, la cultiver si l’on a un jardin qui le permet
  4. De sourire : cela réduit la douleur, améliore l’humeur et apporte plus de clarté mentale
  5. De prévoir un voyage. Même si vous ne le faites pas (apparemment on est plus heureux de prévoir un voyage que de le faire réellement !)
  6. De vivre plus proche de son lieu de travail (un temps de trajet court apporte plus de bonheur qu’une grande maison éloignée)
  7. D’éviter au maximum les pseudo « informations » sur nos écrans et nos radios

Je ne vais pas plus loin car je ne voudrais pas vous empêcher, à votre tour, d’imaginer tout ce que vous pourriez faire. Et qui sait, peut-être allez vous même décider de résilier l’abonnement de votre portable ?

À votre santé !

Jean-Marc Dupuis

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