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Téléphones portables et cancer : la méthode israélienne

Le Point.fr – Publié le

L’utilisation exagérée du portable augmente-t-elle les risques de cancer ? L’université de Tel-Aviv a enquêté de manière surprenante.

De notre correspondante à Jérusalem, Danièle Kriegel

 Pour démontrer le lien entre téléphones portables et développement de tumeurs cancéreuses, les chercheurs de l’université de Tel-Aviv ont étudié la salive de 20 personnes utilisant leur portable de 30 à 40 heures par mois. Ils l’ont ensuite comparée avec celle de gens sourds qui n’ont pas de portable ou l’utilisent uniquement pour envoyer des textos.

Selon les explications du docteur Hamzani, le directeur de recherche, une exposition très élevée aux ondes électromagnétiques du portable provoquerait un stress oxydatif sur les tissus et les glandes salivaires situés à proximité de l’endroit où on place l’appareil, c’est-à-dire près de l’oreille. Or, si on se réfère à sa définition, le « stress oxydatif » n’a rien à voir avec le stress psychique. Il s’agit d’une agression chimique sur les constituants de notre organisme due à un excès de radicaux libres. Ces molécules particulièrement nocives, qui viennent de l’oxygène que nous respirons, provoquent une oxydation qui dénature nos membranes cellulaires ainsi que l’ADN. D’où des mutations génétiques susceptibles de se développer en tumeurs.

En portant très fréquemment le mobile à l’oreille, ce stress oxydatif toucherait les glandes salivaires. La salive se transformant alors en un terrain favorable à l’apparition et au développement de tumeurs.

« Effets néfastes »

Des conclusions définitives ? « À ce stade, notre étude n’établit pas une relation claire de cause à effet entre l’usage de la téléphonie mobile et le cancer. Mais elle contribue à mettre en évidence que cet usage peut avoir des effets néfastes sur la santé », précise le docteur Hamzani. Pour affiner ses recherches, l’équipe annonce qu’elle va poursuivre son travail à une plus grande échelle et analyser, par exemple, la salive d’une personne avant et après l’utilisation, à l’oreille, de son téléphone.

Ce n’est pas la première recherche de ce genre effectuée dans le monde qui démontre les risques du portable. En Israël même, une étude réalisée par l’Institut Weizmann a montré que les portables augmenteraient de 50 % le risque de tumeur des glandes salivaires. Un risque encore plus grand si l’appareil est toujours placé à la même oreille. Également mis en évidence : un appel de plus de dix minutes pourrait provoquer des modifications chimiques dans les cellules du cerveau.

Kit mains libres

Il y a deux ans, l’Organisation mondiale de la santé, via son Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), avait élevé son niveau d’alerte. Alors que l’année précédente elle avait publié un communiqué selon lequel « il n’était pas permis de mettre en évidence un risque accru de cancer cérébral », en 2011, elle a classé « les champs de fréquences électromagnétiques comme potentiellement cancérogènes ». Ce qui mettait la téléphonie mobile sur le même plan que les vapeurs d’essence. Autrement dit le « niveau 2B », un des cinq degrés de la classification par l’OMS en matière de produits cancérogènes.

Dans la foulée, le directeur du CIRC, Christopher Wild, tout en insistant sur la nécessité de poursuivre les recherches, donnait quelques conseils pour limiter les risques. Il recommandait notamment d’éviter le portable à l’oreille en utilisant de préférence un kit mains libres et en privilégiant l’envoi de « textos ». Deux méthodes qui diminuent de dix fois l’exposition aux ondes électromagnétiques.

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