Béziers : geek et électrosensible, il se soigne de nature
L’activité professionnelle d’Antoine dépend du monde numérique.
PIERRE SALIBA
Handicapé par une trop longue exposition aux ondes, le graphiste 3D a dû changer de vie. Et veut aujourd’hui témoigner.
Electrosensible, Antoine (prénom d’emprunt) ne souhaite pas davantage d’exposition médiatique qu’aux ondes électromagnétiques. Mais il accepte de témoigner. Il donne rendez-vous dans un restaurant de Villeneuve-lès-Béziers qui vante pourtant son installation Wi-Fi. « Je vais mieux aujourd’hui, je peux supporter une exposition de deux heures, après il faut que je me décharge de ces rayonnements », lâche le trentenaire qui affirme avoir fait une overdose d’ondes.
« Je me réveillais en pleine nuit avec les bras paralysés »
Jusqu’en 2014, il habite à Suresnes dans un immeuble de 12 étages sur lequel sont implantés trois relais 3G, des antennes UMTS, très puissantes, précise-t-il. « Il m’a fallu quatre ans pour développer une électrosensibilité. À ce moment-là, j’étais tendu comme une corde de piano. Une fatigue chronique s’est installée, je suis devenu irritable, j’avais des problèmes de concentration. Je me réveillais en pleine nuit avec les bras paralysés. Quand je téléphonais, j’avais rapidement mal à la tête… »
Il subit alors une batterie de tests à l’aveugle, menés par le professeur Belpomme, qui confirment à 90 % son électrosensibilité. « Rapidement, j’ai enlevé tout rayonnement chez moi, Wi-Fi, Courant porteur de ligne, mais le malaise persistait, j’en ai déduit qu’il provenait des antennes. »Geek et électrosensible
Une volonté de témoigner
Alors qu’un projet de passage en 4G sur le toit de son immeuble est annoncé, il travaille comme graphiste 3D pour des jeux vidéo mais s’exile volontairement dans le sud : « Ce n’est pas une question de philosophie, mais de rejet physiologique. Je suis toujours un geek, c’est bien la preuve que ce n’est pas une phobie », assume-t-il, pas réfractaire au progrès.
Il poursuit, propose aujourd’hui des perspectives 3D pour des architectes ou des paysagistes depuis un bureau d’où il a chassé les ondes parasites. Il émane de sa personne une impression de “spleen basse tension”. Son visage s’éclaire : « Je suis simplement posé. Je vous ménage. Sourit-il. Si je subis tout ça, c’est que j’ai quelque chose à en faire : témoigner, CQFD », rassure le militant de Robin des Toits.
« L’idéal, c’est de marcher pieds nus dans l’herbe ou sur la plage »
Mais il se connecte le plus souvent possible sur la nature, l’idéal, pour se ressourcer après une « exposition à des fréquences qui provoquent comme une lente électrocution. » Au risque de paraître un peu “original” il explique ses techniques pour se libérer : « Je vais faire un tour dans la nature, j’évacue. L’idéal, mais c’est compliqué l’hiver, c’est de marcher pieds nus dans l’herbe ou sur la plage, ça fonctionne d’autant mieux avec le sel… »
Antoine préconise aussi d’autres techniques. Mais son “handicap” ne le réduit à l’ermitage. « Les électrohypersensibles sont condamnés à la désociabilisation, à une vie des cavernes. Pas moi. Je continue de voir des amis. Les personnes respectueuses sont attentives à éteindre leur Wi-Fi ou éloigner leur téléphone. » Pour les employeurs, dans son domaine, la chose se complique : « Je ne dis jamais que je suis électrosensible, ça ne ferait pas sérieux, je n’ai pas envie de passer pour un emmerdeur. »
Le 10/04/2016 16:20, karim c a écrit :
( si quelqu’un le récupère ) …
http://www.midilibre.fr/2016/04/09/geek-et-electrosensible-il-se-soigne-de-nature,1314297.php