Témoignages vidéos d’EHS

Electrosensible, elle lance un SOS

Marine Richard et Géraldine, qui vit au cœur de la forêt de l'Artillac pour se protéger des ondes./Photo DDM, F.R.
Marine Richard et Géraldine, qui vit au cœur de la forêt de l’Artillac pour se protéger des ondes./Photo DDM, F.R.

Depuis six ans, Géraldine souffre d’électro hypersensibilité. Ondes de téléphone, de radio, électricité, antennes relais… Elle les fuit comme la peste, quitte à vivre dans une situation très précaire. Pourtant, l’électro hypersensibilité n’est pas reconnue en France, ni par l’Organisation mondiale de la santé.

Recluse en plein cœur de la forêt de l’Artillac, entre Esplas-de-Sérou et Castelnau-Durban, Géraldine (1) ne sait plus où se cacher pour soulager ses migraines. Se cacher de qui ? De quoi ? Des ondes électromagnétiques. Car à 56 ans, Géraldine fait partie des EHS, ces personnes dites «électro hypersensibles».

Selon elle, tout a commencé en 2008, après une utilisation massive de son téléphone portable. «Je souffrais de douleurs très vives au niveau de l’oreille, raconte-t-elle. Je ne supportais plus mon portable ni même ensuite celui des autres.» Avec le temps, les maux de Géraldine s’aggravent. Elle souffre de violentes migraines. Un an plus tard, elle est obligée d’arrêter son travail. Elle tente de «blinder» sa maison avec des tissus spéciaux, mais rien n’y fait. Elle quitte sa maison en 2011 et part vivre dans une caravane, dans la forêt. «Mais à la fin, je ne supportais même plus le poste radio ou les lignes électriques. Les médecins ne savaient plus quoi faire. C’est tout bête, mais je ne peux même pas aller à l’hôpital !» lance-t-elle désespérée. Au fil des mois, les symptômes se multiplient et sa sensibilité augmente. La nuit, Géraldine se réveille le cœur serré et a du mal à respirer. «C’est comme si j’avais une crise d’angoisse, mais je sais très bien que ça n’en est pas une.»

Maison reculée, fourgon, cabane de berger, troglodyte… Géraldine change régulièrement d’habitation. Mais après quelques jours, quelques mois, voire, parfois une année de répit, les maux de Géraldine reviennent et elle doit partir à nouveau. Aujourd’hui, elle vit dans une tente, dans la forêt de l’Artillac, près d’un ruisseau. «Cette précarité est épuisante, confie-t-elle les larmes aux yeux. Je passe mes journées à survivre. Je vais chercher de l’eau, je cultive un potager. La période de l’hiver est redoutable et même l’été, les pluies peuvent être redoutables. Ce n’est pas possible ! Je suis dans l’isolement absolu. On s’occupe mieux des SDF que des personnes comme moi !» lâche-t-elle, visiblement à bout.

S.O.S et appel à témoins

Il y a une semaine, des adhérents du collectif Stop Ondes Ariège ont envahi les bureaux de la préfète de l’Ariège pour l’alerter sur la situation de Géraldine. En vain, puisque cette action peu appréciée s’est soldée par l’intervention de la police. «Il faudrait au moins qu’ils lui fournissent une tente militaire», explique Marine Richard, membre du collectif. «Et puis il faut que les pouvoirs publics cessent d’être aveugles. Comme les ondes ne sont pas visibles et que les électrosensibles ne le sont pas souvent non plus, vu qu’ils vivent reclus dans la nature, rien ne se voit, et ça arrange tout le monde», ajoute la militante, elle-même électrosensible.

À l’heure où nous mettons sous presse, la préfecture étudie encore le cas de Géraldine et la préfète n’a pas souhaité s’exprimer. De leur côté, Marine et Géraldine lancent un appel à témoins avec le collectif Stop Ondes 09, afin de recenser les personnes électro hypersensibles en Ariège. Pour les contacter, une adresse mail : stopondes09@gmail.com, ou alors à L’Equi’Table, 11 place Georges Dutilh, à Foix. En Ariège, quelques élus commencent à tendre l’oreille face à ce problème d’hypersensibilité, comme les maires de Seix, Esplas-de-Sérou ou encore de Massat. Ce dernier ne serait d’ailleurs pas contre la création d’une zone blanche, libre de toute onde électromagnétique. La députée Frédérique Massat serait également régulièrement tenue au courant. «Il faut agir, ajoute Marine Richard. Nous ne sommes pas fous, ce n’est pas un problème psychiatrique. Il faut que les gens nous écoutent».

(1) Le prénom a été changé


En France, 1016 cas signalés

Il n’existe aucun recensement officiel des Français électro hypersensibles, ce problème n’étant pas reconnu en France (voir ci-dessous). Le réseau Une terre pour les EHS comptabilisait pour autant, au 1er juin, 1 016 personnes, chacune d’entre elles s’étant auto signalée sur la «carte nationale du réseau EHS Entraide» (http ://uneterrepourlesehs.org/?carte-recensement-ehs). En Midi-Pyrénées, ils sont 67 à s’être signalés. Le chiffre est de 12 en Ariège.

Parmi les 1 016 personnes signalées, 40 seraient dans la même situation d’errance que Géraldine.

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